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Musique et Danse - Santiago de Cuba

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SEPTETO NACIONAL : 80 ans de Salsa Cubaine

par Rafael Lam


Le Septeto Nacional (en 2005).

Le Septeto Nacional Ignacio Piñeiro fête son 80e anniversaire en continuation de sa contribution décisive à la culture cubaine, aux niveaux national et international. La musique de Piñeiro, avec celle de Matamoros est ce qui a le plus été diffusé dans le monde en matière de musique dansante sonera. Cet ensemble a fait école et a fait danser plusieurs générations d’amateurs du savoureux son. C’est Piñeiro qui a épicé le plat métissé et longuement mijoté de la salsa cubaine et latine, avec son fameux "Echale salsita".

Cette année, le Septeto Nacional a une actualité dense : l’EGREM vient de produire son nouveau disque Noche de conga, et la revue Tropicana Internacional lui a entièrement dédié son dernier numéro.

Le directeur du Septuor, Frank Oropesa, a annoncé qu’il se produira à Cuba sur des scènes diverses mais aussi à l’étranger. Dès février il se rendait en Colombie, en Espagne et au Venezuela, où il participait - au Théâtre municipal de Caracas - au Carnaval, qui a toujours accueilli d’importants ensembles cubains.

Le Septeto Nacional dérive du Septeto Occidente, fondé par Miguelito Garcia et Maria Teresa Vera à la demande de la maison de disques Columbia, dont le conseil d’administration comptait parmi ses membres Maria Teresa. Selon ce qu’Eduardo Hernandez (Nandin) à raconté au chercheur Jorge Calderon: «Ignacio Piñeiro aimait beaucoup Maria Teresa. Il a toujours été amoureux d’elle. Amour platonique, affection fraternelle, affinités d’artistes? Je ne sais. C’est elle qui a appris à Ignacio à jouer de la contrebasse pour qu’il entre au sextuor Occidente, parce qu’elle avait très envie de partir pour un voyage prévu à New York.»


Maria Teresa Vera & Lorenzo Hierrezuelo (Collection Cristobal Diaz Ayala)

En octobre 1926, juste avant le fameux cyclone, ils partent sur un bateau de passagers, le Havana Red, et ils jouent et enregistrent au théâtre Apolo, une salle mythique qui avait fait le plein de public pour l’occasion. De retour, ils jouent dans une école de danse.
Par la suite, pour des raisons religieuses, Maria Teresa abandonne son activité musicale et le septeto passe sous la direction de Piñeiro, qui dès ce moment le baptise "Sexteto Nacional", et plus tard "Septeto Nacional Ignacio Piñeiro".


Ignacio Piñeiro

Le Septeto Nacional se constitue entre octobre et décembre: selon le chercheur Jesus Blanco, ses membres se réunissent au numéro 56 de la rue Pocitos, à Pueblo Nuevo: Ignacio Piñeiro (contrebasse et directeur), Bienvenido Leon (deuxième voix), Juan de la Cruz Hermida (troisième voix et manager), Alberto Villalon (guitare), Francisco M. Carriera Incharte « El Chino » (bongos), « Panchito Chevrolet », dont le vrai nom est Francisco Solares Gonzalez - (très).


Abelardo Barroso

En 1927, le Septeto National devait enregistrer à New York. C’est alors qu’il est rejoint par le chanteur Abelardo Barroso, qui remplace Juan de la Cruz, et par le trompettiste Lazaro Herrera. Cette fois, c’est bien un septeto. Le premier septeto cubain s’appelait Habanero; avec Enrique Hernandez à la trompette, il enregistra de nombreux disques.


Collection Cristobal Diaz Ayala

De nouveaux changements interviennent en 1929, à l’occasion d’un voyage décisif en Espagne, pour l’Exposition ibéro-américaine de Séville, qui inspire à Ignacio son extraordinaire Suavecito. Pour ce voyage, Cheo Martinez remplace Barroso et Agustin Gutiérrez substitue « El Chino » Incharte aux bongos. Le guitariste Eutimio Constantin prend la suite d’Alberto Villalon. Juan de la Cruz fait partie de la délégation pour jouer un duo avec Bienvenido Leon et l’accompagnement d’Eutimio à la guitare. Pendant la traversée en bateau, le 2 juillet 1929, Cheo Martinez trouve la mort – il est jeté dans la mer- mais Ignacio peut compter sur le renfort du tresero Panchito Chevrolet et de la voix de Juan de la Cruz. Le Septeto se présente au palais, devant le Roi d’Espagne (ainsi la famille royale a dansé au son de la musique cubaine !) et décroche la médaille d’or de la Foire de Séville.

En 1931, Alfredito Valdés prend la relève de Juan de la Cruz. En 1933 l’ensemble de présente à la Foire internationale de Chicago où il tourne un court métrage musical intitulé « El frutero ». En 1937, Bienvenido devient la première voix, et Marcelino Guerra, la deuxième.
Selon Adriana Orejuela, Carlos Embale considérait que le Septeto Nacional était différent de tous les autres. «Le Habanero jouait lentement, précisait Embale : un son "en arrière" . Le Septeto Nacional le projette en avant, le joue plus vivement, et avec ces sonorités de rumba qui habitent Piñeiro.»


Carlos Embale

Le Septeto se dissout en 1937, et c’est en 1954 que le musicologue Odilio Urfé le ressuscite et le présente à une émission de télévision intitulée « Musica de ayer y de hoy ». Après des années de silence Ignacio Piñeiro réunit auprès de lui la «vieille garde» : Rafael Ortiz, Lazaro Herrera, Agustin Gutiérrez, Bienvenido Leon, Alfredito Valdés et Carlos Embale.

En 1959, Odilio Urfé entame un long travail de divulgation et de conseil au Centre de recherches folkloriques. En 1964, l’image du Septeto est définitivement gravée dans l’histoire grâce à un documentaire dû à Rogelio Paris, « Nosotros la musica ». Ignacio Piñeiro meurt en 1969 et est remplacé par Rafael Ortiz. Carlos Embale («la voix de pierre»*) abandonne provisoirement le septeto et y revient en 1975.

Et depuis, le Septeto Nacional continue de faire danser le son à travers le monde. Le poète national Nicolas Guillen disait volontiers que les poètes qui l’avaient le plus profondément influencé étaient les septetos Habanero et Nacional, avec, bien entendu, les Matamoros.

*Nous n'avons pas trouvé d'explication ni de référence à cette expression (N.D.T.)

Article original en español: Exclusivo 18 mai 2007 (traduction Granma / Ritmacuba)

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