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La
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11/12/2016, dernière actualisation 19/03/2018)
PRÉAMBULE :
Le
phénomène impressionnant des orchestres féminins à Cuba à partir
des années 1930 est unique en Amérique latine. Il a précédé
nettement un phénomène analogue aux États-Unis. Mais il a été
peu traité jusqu’ici en français. Raison suffisante parfois pour
en dire plus (mais conduira à synthétiser lorsque
nous pouvons renvoyer à des monographies).
Nous avons choisi de traiter ce phénomène dans une optique
singulière, le liant à l’avancée des femmes dans la musique
cubaine en particulier pour certains instruments qui étaient
considérés traditionnellement comme relevant uniquement des
hommes, comme la percussion et surtout les tambours. Nous avons
été frappés, dans notre approche personnelle de la musique
cubaine, des exceptions singulières de présences féminines dans
cette Histoire vis-à-vis des tambours, comme le cas de la conga
de carnaval où la tumba
francesa. Mais au fil du temps, nous avons aussi été
témoin de la résurgence contemporaine –
dans le son et la timba en particulier –
des orchestres féminins à Cuba et de l’apparition de groupes
comparables en Europe. Témoin fraternel aussi, et souvent
admiratif
–
dans
des situations de cours, d'ateliers, de concerts, de concours,
etc.
–
du franchissement des murs
invisibles par des femmes dans la percussion traditionnelle,
dans l’île comme au dehors de ses rivages. Cette page croise ces
différents domaines d’intérêts et d’expériences et recoud
ensemble les différentes époques de cette progression. Qui, bien
sûr, n’est pas encore terminée. Nous espérons, entre autres, que
ce texte sera utile aux protagonistes pour un meilleur ancrage
historique de leur parcours de pratique musicale. Coïncidence,
cet article est paru au moment où le plus célèbre des orchestres
féminins cubains, Anacaona, a fêté son 85e
anniversaire en se produisant sur les lieux originels du groupe.
dc
(années
'40)
Leonardo
Padura "Hérétiques". 2013
OÙ
SONT LES FEMMES DANS LA CONGA ?
Dès le XIXe siècle, il y avait à Santiago des
organisatrices de comparsa et de formations
de percussion (tahonas)
à Santiago de Cuba : que l’on pense à María La O & María
de la Luz, dirigeantes du Cocoyé de Los Hoyos. Les airs du Cocoyé
de l’époque ont été relevés par Casamitjana en 1836 et un de
ceux-ci porte le nom de María La O, d’ailleurs orchestré dans le
pot-pourri cubain de Laureano Fuentes Matons, élève de
Casamitjana, en 1847. La musicologue Zoila Lapique relève :
« Quelque chose de semblable à ce phénomène contemporain de
la conga santiaguera se passa en 1852 quand vint à La Havane la comparsa
del Cocoyé avec ses deux dirigeantes, les métisses (mulatas)
María de la O Soguendo y María de la Luz, jointes au nain Manuel
qui dansait avec l’Anaquillé, marionnette de carnaval.»[2]
Le nom María La O a été célébré à de multiples reprises dans la
musique cubaine et il est resté dans la tradition du carnaval
havanais. [3]
Mais les tambours et les jantes percutées des congas de Santiago
relevèrent de la spécialisation exclusive des hommes jusqu’à une
exception. Ou plutôt deux exceptions succesives.
« Les congueros
sont tous des hommes et dans l’histoire de la Conga de Los Hoyos
il n’y eut qu’une seule femme nommée Gladys, renommée et respectée
et jouant de la campana[4].
Il est possible d’établir
une ligne de démarcation au sein de la conga lors de ces sorties
entre les hommes qui ont pour rôle de jouer les instruments alors
que les femmes dansent. Ce sont en effet elles les principales
protagonistes du groupe de danseurs qui accompagne la conga,
même si des hommes sont aussi présents. » [5].
Photo : collection Miké Charropin, avec nos remerciements.
Fait très peu connu, Gladys fut en fait précédée pendant quelques
mois par une certaine Ana Limonta, mais cette dernière cessa cette
activité et Gladys Linares devint pour longtemps l’unique campanera
de la conga de Los Hoyos,
jouant avec virtuosité ce lourd idiophone qu’est la llanta
ou
campana,
elle fut connue aussi sous les surnoms Mafifa ou La Niña
En tant que "Mafifa ",
elle devint un personnage central d’une pièce en un acte de la santiaguera
Fatima Peterson : « Repique por Mafifa o La
última campanera », ce qui témoigne d’une dimension
légendaire dans la culture populaire… et la renforce !
Actuellement, son exemple est repris par de jeunes santiagueras avec
l’exemple
d’une
campanera
du quartier de Los Hoyos (conga Los Muñequitos, également membre
du groupe féminin Obini Irawo). Pour la première fois, une
campanera, en l'occurence de la conga de San Agustín, a été primée
au carnaval de Santiago de Cuba de 2017.
Complément
:
HISTOIRE DES INSTRUMENTS DE MUSIQUE DU CARNAVAL DE
SANTIAGO DE CUBA
FEMME TAMBOURINAIRE DANS LA TUMBA FRANCESA
Une autre de femme de Santiago fut connue par sa pratique de la
percussion avant Gladys : Tecla (Consuelo) Venet Danger
(septembre 1900-18 mai 1988), reine de tumba
francesa, fut également célèbre pour sa pratique du *catá,
ce gros idiophone frappé par deux bâtons, au jeu plutôt physique.
Les caficulteurs d'origine française Venet et Danger, comme
beaucoup d'autres descendants de ceux qui avaient fui
l'insurrection aboutissant à l'indépendance d'Haïti en 1804,
étaient installés sur deux plantations proches l'une de l'autre,
respectivement sur les lieux-dits El Palmar & Limoncito, soit
des escarpements surplombant El Caney (actuel Municipio de
Santiago de Cuba) sur un versant et la plage de Siboney sur un
autre versant. Les esclaves des deux plantations portant tous le
nom de famille d'un de ces deux maîtres, certain descendants de
l'union d'un de ces maîtres avec une esclave, associèrent
ces deux noms à différentes reprises. Décédée à 94 ans, fille de
la reine de tumba francesa Nemencia Danger qui avait vécu 115 ans
(réputée originaire du congo), elle était la mère de la
reine-présidente de la société de tumba Francesa La Caridad de
Oriente (anciennement La Fayette*, fondée en 1862) : Yoya
(Gaudiosa Venet Danger), à qui a succédé aujourd’hui la
reine-présidente actuelle, Andrea Quiala, nièce de celle-ci et
descendante de Tecla.
*catá
: voir les articles : La
tumba francesa de Daniel Chatelain et "Traditions
musicales et dansées des communautés haïtiennes de la région
orientale de Cuba" de Daniel Mirabeau
**
du nom du "héros des deux mondes", le général français Lafayette
(1757-1834), combattant de l'indépendance des Etats-Unis, partisan
de l'abolition progressive de l'esclavage sous Louis XVI, suite à
son expérience plantationniste en Guyane, membre de la "Société
des Noirs" (favorable à l'abolition) en 1789, sympathisant ensuite
du héros latino-américain Simon Bolivar...
La fille d’Andrea, Queli Figueroa Quiala a repris dès l'enfance cet usage patrimonial des percussions de la tumba francesa, favorisé par la transmission avisée de son père, aujourd'hui décédé, qui dirigeait les percussions de la société de tumba francesa de Santiago de Cuba. Elle resta seule descendante du couple après un drame familial, le décés accidentel de son frère aîné, le jeune homme destiné à continuer la tradition. Elle est la première femme à jouer l'ensemble des instruments de la tumba francesa. Nous considérons que l'apport de Queli et de ses parents, ont été essentiels pour lever les menaces de survie qui planaient sur cette société dans les annés '90. Si on sait que la candidature de l'inscription par l'UNESCO de la tumba francesa au patrimoine immatériel de l'humanité a en fait reposé dans un premier temps sur la société de Santiago, puis étendue aux trois société survivantes (en ajoutant celle de Guantánamo et celle de la rurale Bejuco), on en voit les conséquences dans la reconnaissance mondiale de cette tradition inscrite au patrimoine immatériel de l'humanité en 2003.
Signalons que dans la tradition de la tumba francesa, il y avait traditionnellement une répartition de rôles traditionnelle entre les « composés » (compositeurs) masculins, qui se livraient plus souvent qu'à leur tour à des controverses et les "reinas cantadoras" (interprètes solistes féminins des chants traditionnels) accompagnées d'un chœur féminins agitant des chacha (maracas métalliques ornées de rubans). Il y a eu cependant des exemples anciens de composés femmes, telle une autre aïeule de Queli : Emelina "Linda" Venet Danger. Aujourd'hui les composés masculins et leurs affrontements virils par la controverse ont disparus mais les reinas cantadoras ont préservé l'existence d'un cancionero de tumba francesa et composent à l'occasion[6]
Toujours en Oriente, dans une famille à l’origine du son,
deux femmes ont été connues par la pratique de la percussion dans
la première moitié du XXe siècle : Julia Valera, bongosera et
joueuse
de
tumbandera,
et sa fille Emilia (Milla) : mère de Felix Valera , directeur
actuel de la Familia Valera Miranda.
Particularité : ces femmes jouent alors le bongo
posé sur les cuisses, position jugée plus décente.
Avec Tecla Venet et Julia Valera, on a affaire à des figures de
matriarches rurales, dépositaires
d’une tradition, bien différentes des musiciennes urbaines
trouvant une émancipation dans la pratique artistique.
Une autre Julia a précédé en Oriente beaucoup de bongoseros et
autres
soneros, de la
génération des premiers pratiquant connus de ce style, homme et
femmes confondus.
Julia La O,
guitariste, bongosera, épouse de Nicolas Hierrezuelo, chanteur et tresiste
(joueur de
très)
des environs de Santiago (par ailleurs lieutenant de l’armée
libératrice dans la guerre de l’indépendance cubaine). Elle fut
mère de onze enfants, élevés dans la tradition musicale du couple,
parmi lesquels les musiciens professionnels Reinaldo
Hierrezuelo – 1926 (Cuarteto Patria, Los Compadres, Sonora
Matancera, Vieja Trova santiaguera), Ricardo, Lorenzo (Duo avec
María Teresa Vera, Los Compadres), Caridad – 1924 - (Los Taínos
de Mayarí, Los Van Van, Rumbavana, Conjunto Caney).
DES
FEMMES DIRECTRICES D’ORCHESTRE
Des femmes qui deviennent directrices de groupes musicaux
essentiellement masculins. Cela s’est vu à Cuba depuis les années
’20 du XXe siècle.
Vient inévitablement à l’esprit María Teresa Vera (1895-1975), qui
enregistra en duo féminin-masculin à partir de 1914 et crée en
1926 le sexteto Occidente,
qui compte dans ses rangs un des plus grand soneros,
le contrebassiste et compositeur Ignacio Piñeiro. Le sexteto Occidente enregistra à New-York l’année de sa création.
María Teresa Vera
(Guanajay 1895 - La Habana 1965) est née à l'extrémité occidentale
de Cuba (sans tradition de trova jusque là) et a commencé sa carrière en 1911.
Elle est d’extraction populaire, métisse avec une
grand’mère esclave (yoruba). Son talent est couvé dans son enfance
par une famille bourgeoise de sa province qui emploie sa mère et
fait fort usage de son piano, les Aramburu.
Dans la capitale, seul cas repéré chez les chanteuses de l’époque,
elle adopte le mode de vie bohème des trovadores
(en l’occurrence dans le « clan » de Manuel
Corona), lesquels lui enseignent la guitare. Elle devient une
véritable mémoire vivante des compositions des trovadores
(elle interprète des chansons que leurs propres auteurs ont
oubliées) et rend célèbres certaines d’entre elles. Son duo avec
Rafael Zequeira est anthologique.
Son répertoire est très étendu, de la trova
à la guaracha
(pour laquelle elle est moins connue). Elle fut la
première femme à diriger une formation de son,
le sexteto Occidente,
enregistré par la Columbia dés 1926. A ce sujet, Cristobal Díaz
Ayala, référence maximum pour la discographie de la musique
cubaine, pense que la Columbia a cherché à travers le Sexteto
Occidente une réponse à la vogue du Sexteto Habanero promu par les
disques Victor et que dans cette perspective avoir dans une
formation une femme comme directeur associée au grand Ignacio
Piñeiro ètait un élément distinctif dans cette compétition
commerciale. "Il n'était pas habituel à cette époque de
confier la direction d'une formation musicale à une femme, même
flanquée d'un directeur musical" (soit Miguel García). Il
ajoute que faisant cela, la Columbia connaissait le travail de
María Teresa Vera avec le Sexteto Habanero de Godínez en 1918, ses
nombreux enregistrements avec Zequeira et ensuite avec Miguel
García (pour Columbia) des années '20. "Occidente" fut un mot mis
en équivalence avec "habanero", logique de plus pour une femme née
non pas à La Havane mais dans une autre ville occidentale,
Guanajay (cf. chronique de livre "Ignacio Piñeiro tiene ya su
libro, San Juan, 28 de Julio de 2013). Mais le Sexteto Occidente
n'obtint pas un succès durable.
Maria Teresa s’interrompt de chanter de 1930 à 1935 pour des
raisons religieuses. Devant le succès immense de sa composition
« Veinte años » composée dans cette période de retrait,
elle cède aux pressions conjuguées du public et de Justa
García, autre femme meneuse de groupe
(cf infra), qui l’intègre à son cuarteto.
Evoquer María Teresa
Vera nous conduit à donner un exemple étonnant de femme auteur
cachée.
La véritable auteur du texte de Veinte años, rien d’autre que la
chanson phare de la trova
cubaine, sur un rythme de habanera, ne fut révélée que récemment.
Il s’agissait d’une amie d’enfance de la famille Aramburu, déçue
de son ménage qui tenait à garder l’anonymat : Guillermina
Aramburu (Guanajay, 6 février 1895
- La Havane, 17 décembre 1965). En dehors de Veinte años, d’autres
compositions de M. T. Vera ont eu leur texte écrit par cet auteur
féminin clandestin.
Ce destin de femme bourgeoise écrivant clandestinement des
chansons qu’elle confie à son amie d’enfance, laquelle a choisi la
vie bohême de la trova,
mérite d’ailleurs de s’y arrêter plus amplement.
Reynaldo Gonzalez déclara sur María Teresa Vera : « On
dit que son amie d’enfance Guillermina Aramburu eut une vie
maritale heureuse pendant vingt ans, à la suite de quoi son mari
la trahit. Guillermina, qui écrivait des chansons depuis ses
jeunes années (….) remit
à María
Teresa sa création « Veinte años » pour
qu’elle la chante avec la promesse de ne jamais révéler qu’elle
l’avait écrite ; en conséquence, la majorité du public
ignora jusqu’il y a peu de temps que la majorité des textes de
chansons de María
Teresa Vera sont de Guillermina »[7].
Quand Justa García
décide d’arrêter sa carrière, María
Teresa Vera se retrouve seule avec Lorenzo Hierrezuelo (le futur
« Compay primero » de Los
Compadres) et ils décident de continuer en duo sous leurs
deux noms. Dés la première partie de sa vie professionnelle, elle
a poursuivi un chemin différent des futurs groupes féminins, femme
s’imposant dans le milieu masculin sonero
malgré les préjugés ambiants, jusqu’à diriger une formation
masculine. Elle se retira définitivement en 1962.
Un exemple méconnu des premières directrices d’orchestre de
musique populaire est Concepción
Bravo,
"Conchita", fondatrice en 1927 du premier groupe format jazz
band de Guantánamo : Hatuey. Selon des recherches menées dans
cette ville, elle fut aussi innovatrice d'un autre point de vue :
en introduisant le piano dans le son
et ainsi prendre rang dans l’évolution qui conduit du septeto
vers un nouveau format musical pour jouer ce style : le conjunto
(processus évolutif où le génial
tresero Arsenio
Rodríguez est considéré comme le personnage-clé).
« Conchita »
Bravo
au piano. Guantánamo - 1996
De tels exemples, auxquels on pourrait ajouter la notoriété de la
pianiste et compositrice Margarita Lecuona (voir
plus loin), dans un registre musical plus classique, étaient de
nature à ouvrir les portes aux femmes dans la musique cubaine.
Il n’est pas étrange que dans un contexte raciste et sexiste,
où le mélange des races et des sexes était de nature à
choquer, où la ségrégation sévissait dans la société et la
musique, avec des orchestres de Blancs, de mulâtres et de Noirs,
les femmes musiciennes aient tendance à se regrouper selon le
genre et obtenir ainsi une meilleure acceptation de leur
entourage. Sans oublier une dimension école de musique de filles
de familles nombreuses sur laquelle nous reviendrons.
Parmi les toutes premières directrices de formation musicale
cubaine, revenons sur Justa García
(1894-1952), déjà citée, meneuse d'un trio et d'un cuarteto. Le
Cuarteto de Justa García
subit plusieurs changements de ses membres y participèrent
plusieurs chanteuses comme MaríaTeresa Vera, Dominica Verges et
quelques hommes dont Francisco Repilado, qui devint plus tard « Compay Segundo » dans Los
Compadres, Isaac Oviedo, Graciano Gómez. Justa García
intégra par la suite comme chanteuse l’orchestre féminin
Anacaona.
Coralia López (1910-1993), dont le nom entier est Juana Coralia López Valdés, est la première femme à avoir dirigé un orchestre de danzón. Egalement pianiste et compositrice elle est la sœur cadette de Orestes López (Macho) et précède Israel López (Cachao) dans la fratrie des López. C'est son père, le musicien Pedro López qui a guidé ses premiers pas dans la carrière musicale. Son orchestre, de 1940 à 1956, joue ses compositions ainsi que celles de Abelardito Valdés et Antonio María Romeu. C'est dans l'orchestre qui porte son nom que son neveu Orlando "Cachaíto" López, fils d'Orestes commence sa carrière. Enrique Jorrín, futur inventeur du ca cha chá y jouait également avant de rejoindre Las Maravillas puis fonder l'orchestre America. Mais il n'y a pas d'enregistrement sonore connu de l'orchestre de Coralia . Sa composition la plus célèbre est Isora Club, du nom d'un club social de Noirs et Mulâtres où on dansait dans le quartier de Luyano, proche du lieu où vivait la famille Valdés. Isora Club est considéré comme un des meilleurs danzones jamais composé, que Cachao enregistre pour la première fois en 1953, puis de nouveau en 1998 (CD, Master Sessions vol. 1, prix Grammy Awards), suivi par Rúben González en 2000 dans la lignée du Buena Vista Social Club (CD Chanchullo).
Article
de Rosa Marquetti sur le Isora Club et Coralia López (esp.).
Photo.
Audio : Isora Club par Rúben González
En
ce qui concerne les formations vocales, citons deux femmes
remarquables : María
Muñoz de Quevedo fonde le chœur de La Habana en 1931 et deux
décennies plus tard, avec l’arrivée de la télévision, Cuca Rivero dirige le
chœur diffusé par la petite lucarne cubaine.
Une résurgence actuelle de groupe
dirigé par une femme, est
Frasis, formation de
violon, violoncelle, percussion et voix,
dirigée par Roxana Iglesias Morejón.
AUTRES
PIONNIÈRES
Avant
de rencontrer d’autres directrices de groupe, arrêtons-nous sur
les première trovadoras
cubaines.
Une
figure qui rejoint, outre l’histoire de la musique cubaine,
l’Histoire cubaine tout court est le cas tardivement connu de María
Granados (1880-1971), devant qui, selon son propre récit,
José Marti aurait écrit en 1891 à Tampa, où elle résidait,
l’unique texte destiné à être musicalisé du héros de la nation
cubaine (El proscripto).
Alors que cette chanson était oubliée, elle l’interpréta dans une
peña havanaise à partir
de 1966, à l’âge de 86 ans.[8]
La
première trovadora
reconnue est cependant Angelita
Bequé. Selon Lino Betancourt, elle interprétait la trova
dans les années 1910-1922. Ressort de cette période son duo avec
Rafael Zequeira. Une photo montre une grande et jolie Noire.
Connue à son époque, elle n’enregistra pas de disques,
contrairement à beaucoup d’hommes trovadores qui furent ses contemporains (López Sánchez. 2008. p. 37).
Une
autre défricheuse est Dominica
Vergés (1918-2002). Pianiste, guitariste et chanteuse
s’accompagnant aux claves,
elle commença sa carrière en 1929 dans un septeto
familial où elle était la seule femme, avant de
participer à Anacaona, Ensueño, Ilusión,
Hermanas Armanza, Imperio, entre autres,
et de devenir une des premières femmes à chanter le danzonete[9].
[10]
La
catégorie des femmes
virtuoses de leur instrument est illustrée en particulier à Cuba
par la guitariste María Luisa Anida « La Gran dama de la guitarra ».[11]
DES
DUOS ET TRIOS FÉMININS VERS DES FORMATIONS PLUS LARGES
Un phénomène remarquable à Cuba est, dès le début des années ’30,
le nombre de duos et trios féminins (dans un format défini par le
Trio Matamoros : deux guitares, petites percussions : claves,
maracas, güiro) –
voire cuartetos –
constitués en général par des sœurs :
« Hermanas… ». Exemples remarquables :
Les sœurs Cristina (guitare), Esperanza
(maracas)
& Graciela (mandoline) Lago n’avaient que 12, 13 & 14 ans
quand se fonda en 1932 le trio
Hermanas Lago. Elles
firent de nombreux enregistrements et eurent de nombreuses
tournées internationales dans la longue carrière qui suivit. C’est
un des trios féminins les plus importants d’Amérique latine et
d’ailleurs le premier en date. Contrairement aux trios à deux voix
avec un accompagnateur, comme le trio Matamoros, c’est le premier
trio à trois voix de la musique cubaine. Avec un répertoire plus
latino-américain que celui des Hermanas Martí, au strict
répertoire cubain, mais elles interprétèrent cependant les œuvres
des grands soneros
cubains. La formation a connu divers changements de format après
1939 : une période en duo (Duo
Inspiración), le retour au trio avec l’arrivée de Lucía Lago
(guitare), et de nouveau un changement avec le décès d’Esperanza
en 1954. Les Hermanas Lago ont enregistré avec la Sonora
Matancera. Elles se joignirent en 1972 au Trío Ofelia.
Le trio Hermanas Márquez
se forme en 1935. (Trio
guitares
et voix). Trini Márquez acquiert une expérience
musicale dans l’ensemble de son père, guitariste et
percussionniste à Puerto Padre (Oriente). Elle décide de former un
trio avec ses sœurs Cusa & Olga. Elles partent pour La Havane
en 1940, où leur carrière est impulsée par Ernesto Lecuona. Elles
enregistrent seules (premier
disque en 1941)
et avec l’orchestre du santiaguero
Mariano Mercerón. Elles s’installent
à New-York en
1951. Deux sœurs Márquez, Nerza et Trini, enregistrent en 2004 un disque "Paquito D'Rivera presents Las Hermanas Márquez" accompagnées de
Paquito D’Rivera. Le concert filmé de présentation du disque
témoigne du charisme étonnant de Trini. Cf youtube. [12]
Hermanas
Márquez
Hermanas Martí
(duo) : Fondé en 1938 par les sœurs Berta (1919-2002) & Amelia
(1922), laquelle devint par ailleurs professeur de guitare au
conservatoire de Guanabacoa. Leur répertoire est basé sur la
Trova, en particulier les compositions de Manuel Corona.[13]
Duo
Hermanas Martí
Hermanas Junco.
Le trio Junco, formé en
1947, donnera naissance en 1963 au duo Hermanas Junco, avec José
Tejera comme accompagnateur. Composé de María (1919), première
voix et Delia
Junco Sterling (1923-1992), voix seconde. Leur répertoire est la trova
cubaine. Elles sont actives jusqu’aux années ’70. [14]
Dúo Hermanas Patterson.
Créé par Julia Patterson Monteagudo (1937) & Otilia Patterson
Monteagudo (1938) après des études au Conservatoire municipal de
La Havane. Elles innovèrent par un format voix &
tumbadoras.
On peut encore signaler dans la génération pionnière le duo santiaguero
Hermanas Reyes [15],
qui sera suivi d'autres duos participant à la Casa de la trova de
Santiago de Cuba et des Casas de la trova d'autres villes.
LES
ORCHESTRES FÉMININS
Encore plus remarquable est la constitution des orchestres
féminins à Cuba dans les années ’30, au sein desquels les femmes
jouent d’un ample répertoire d’instruments dans les lieux
populaires. Ce phénomène est un événement unique en Amérique et
précède la vogue des jazz bands féminins aux États-Unis d’une
décennie (cette vogue est quant à elle de la fin des années ‘30 et
des années ’40)
Par orchestres, on entend d’abord : sextetos,
septetos, charangas (ou mini-charangas)
et jazz bands. Ils sont souvent initiés par deux ou trois
« Hermanas ». On voit dans l’exemple du Duo
Mezquida que les duos ou trios ont été l’ossature de
formations plus étendues. Ou, comme dans l’exemple de Ensueño,
se regrouper plusieurs binômes ou trinômes de sœurs (cf infra).
Ces orchestres vont avoir un lieu privilégié, celui des Aires
Libres de part et d’autre de l’hôtel Saratoga, sur une
distance d’environ 200 m. de la promenade du Prado. Plusieurs
orchestres féminins jouaient côte à côte, attirant l’attention des
badauds havanais et des provinciaux débarqués de la gare centrale,
étourdis par l’effervescence de la capitale. Ces groupes jouaient du mardi au dimanche, en semaine
de 20h à 24h. Les musiciennes étaient faiblement payées, si bien
que les occasions de tournées à l’étranger étaient fort attendues.
Une
virtuose des timbalès dans les années '20
Selon María del Carmen Mestas « la
première directrice d’orchestre féminin sur lequel on soit informé
s’appelait Irène Laferté,
qui avait une connaissance profonde de la percussion, spécialement
des timbalès.[16]
Elle fonda sa charanga
en 1928 avec ses quatre filles :
Mercedes (violon), Josefina (violon), Dora (trompette &
arrangements) & Inés (güiro).
Cette charanga,
qui avait substitué la flûte par une trompette, jouait surtout
des danzones. Plusieurs intégrantes du groupe passèrent ensuite à
l’orchestre Edén Habanero, dirigé
par sa fille Mercedes Herrera. Doña Irene, qui fut appelée
« la virtuose des timbales » mourut en 1970. On a
ainsi en même temps la première directrice de groupe féminin et la
première femme célèbre dans sa dextérité aux percussions cubaines,
en l’occurrence les timbalès.[17]
La charanga Edén Habanero fut fondée en 1930 ou 31 selon les sources et prend la
suite de la charanga
d’Irène Laferté. La directrice Mercedes Herrera était
contrebassiste, la charanga
était composée par ailleurs de Alina Rivero, güiro,
Carmela Ramos Pestañal, timbalès, Dora Herrera, piano,
Rosario
Martínez, chanteuse … Cette dernière est à l’origine du premier
syndicat de musiciens cubains, en 1933. En 1938 Edén Habanero
remplace Anacaona (en tournée aux États-Unis) sur les « Aires
libres » où ce dernier groupe se rendit célèbre. L’orchestre
prit ensuite le nom de Orquesta
Hermanas Herrera.
La formation jazz band Ensueño
serait la première formation féminine du genre à Cuba, crée le 5
avril 1930 selon Radamés Giró. Elle acquit une grande popularité
dans les « Aires libres », en même temps que les
sociétés récréatives et les fêtes des 15 ans de la bourgeoisie
havanaise. Sa directrice est Guillermina
Foyo Facciolo (piano & violon) et elle est composé de
douze intégrantes, parfois plus ! On y trouve Estela
Junco, batterie, sœur de Manuela, contrebasse.
Également, des sœurs Foyo, des sœurs Junco, des sœurs García
Cano puis des sœurs Pérez Alderete. Estella Foyo se
distingue à la fois à la batterie
et aux pailas [18].
En octobre 1932 Ensueño tembarque à Santiago de Cuba pour
Santo Domingo avec un grand succès, premier orchestre féminin
cubain à jouer hors de l'île. D’autres tournées suivent en
Amérique latine et aux États-Unis … dans un cirque. Ce qui ne
les empêche pas de
partager la scène avec les gloires états-uniennes telles que
Benny Goodman, Glenn Miller y Tommy Dorsey. Le répertoire
d’Ensueño était plutôt éclectique : chansons états-uniennes
en vogue, valses, tangos alternaient avec les chansons cubaines
et latino-américaines. Mercy Mesquida en a fait partie
(clarinette) à plusieurs moments, entre autres dans une tournée
de 1935. Ensueño devint « Cuban Music », nom sous lequel il disparaît en 1951. Ensueño
fut un groupe rival d’Anacaona pour sa popularité. Mais il n’y a
pas d’enregistrement du groupe. Des risques de confusion
existent avec le groupe postérieur "Ensueño Tropical", sur
lequel nous reviendrons.
Orquesta
Ensueño
En 1930 apparaît aussi la Típica Yambambó. Elle est
fondée par les sœurs du Duo Mezquida : Mercy (1913-1951)
& « Cachita » Caridad. Dulce María Brito est à la
batterie.
La Orquesta Mezquida
est un jazz band formé à partir de l’orchestre précédent, un an
après. Y est remarqué le jeu de maracas de la chanteuse Mercy
Mezquida – mère
de Leo Brouwer –
très chorégraphié. Dulce María Brito est à la batterie, comme
auparavant dans la Típica Yambambó. L’orchestre fit une seule
tournée internationale (Pérou, Java, New-York). Mercy jouait les
percussions, le piano, le saxophone, la clarinette, la flûte outre
ses talents de chanteuse. Elle devint ainsi soliste de l’orchestre
Lecuona, où elle rencontra le futur père de Leo Brouwer (Juan
Leovigildo Brouwer Mezquida), apparenté à la famille Lecuona. A la
mort de Mercy en 1951, le futur compositeur et guitariste virtuose
de réputation mondiale Leo Brouwer – il a douze ans – est gardé par sa tante Caridad Mezquida et c'est elle qui lui
apprend la théorie musicale, tandis que son père Juan lui apprend
la guitare. [19]
Anacaona
L’orchestre féminin le plus connu, au point d’avoir éclipsé
l’existence des autres, est bien
sûr Anacaona. Il n’apparaît qu’en
1932, au Teatro Payret de La Havane. Anacaona est d’abord un sexteto.
Sa directrice est Concepción Castro. Ses études de chirurgie
dentaire étant mises à mal par la dictature de Machado,
Concepción Castro décide de changer de voie professionnelle et
entraîne certaines de ses sœurs dans cette aventure. Le sexteto
Anacaona comprend trois
des dix sœurs Castro (Concepción, Caridad « Cachita »,
Ada) plus des amies de
la directrice. Avec l’ajout de la toute fraîche trompettiste
Ondina Castro, le sexteto
devient septeto.
Anacaona :
Le septeto avec contrebasse et trompette.
On peut voir au musée de la Musique de La Havane une très
esthétique marimbula
d’Anacaona, l’instrument de percussion qui jouait des notes basses
avant qu’il soit substitué par la contrebasse dans les sextetos et
les septetos.
En 1933 et 1934, Anacaona devient octeto
puis simplement Orquesta Anacaona, avec l’avantage de ne
plus compter les intégrantes, passant en format jazz band, intégré
progressivement par… huit autres sœurs Castro.
L’adoption du format jazz band reprenait la vogue des grands
orchestres cubains qui venaient d’éclore entre 1935 et 1937. Ces derniers
étaient eux-mêmes une mise au goût du jour rapide provoquée par
l’éclosion dans ces mêmes années des orchestres swing, noirs ou
blancs, aux États-Unis.
Anacaona :
les instruments à vents du jazz band et les percussions cubaines.
En 1935, elles
voyagent à Porto Rico et en 1937-1938 à New-York, où il
leur est offert un contrat pour trois disques. Ces
enregistrements, qui ont fait l’objet d’un CD de la collection
Harlequin, sont les premiers d’un groupe féminin cubain.
En 1938, elles sont en
formation de 10 musiciennes à Paris. « The ten Anacaona
sisters » dit le programme, avec la direction musicale
du grand flûtiste cubain Alberto Socarras et alternent avec Django
Reinhardt et Stéphane Grappelli.
Pendant la seconde guerre mondiale et les années suivantes,
elles sillonnent l’ensemble du continent américain, Nord et Sud.
Argimira
"Millo" Castro à la batterie & Nena Neyra, tumbadora. Anacaona
1951
Certaines sœurs se découvrent d’autres destins et abandonnent
le groupe. Un cas remarquable est le cas de Millo, la
principale attraction de l’orquestre, une bongocera
prodigieuse dès l’âge de 15 ans, que Dizzy Gillespie voulut
recruter. Mais elle préféra rester avec ses sœurs. Elle joua
pour le couple présidentiel Roosevelt à la Maison Blanche pour
l’anniversaire du président. Elle abandonna l’orchestre en 1953
pour se marier et vivre en Allemagne.
« Drum
Dream Girl ». Livre pour enfant de Margarita Engle &
Rafael Lopez inspiré du destin de Millo Castro
Le
thème : la petite fille qui a eu le courage de réaliser son
rêve et après qui on ne put plus dire : « les filles
ne jouent pas le tambour »
Les
sœurs Castro avec Millo enfant tenant une caisse claire caisse
Alicia Castro (née en 1920) reprend la direction à la mort de Concepción.
Entre autres membres, les chanteuses promises à
une grande destinée :
–
Graciela, (Graciela Grillo
Pérez, La Havane 1915 - New-York 2010) sœur du maraquero, chanteur et chef d’orchestre Machito, future reine du
mambo ou encore « première dame du jazz latino »,
intégrée en 1935. Elle pensait que sa sûreté en jouant les claves,
tout en chantant, lui avaient ouvert les portes pour chanter avec
Anacona. Sa fascination pour les claves et le chant lui était
venue enfant, en écoutant chez
elle les répétitions de María Teresa Vera et le Sexteto Occidente
(dont Machito faisait partie). Elle quitta Anacaona en 1941
et rejoignit New-York en 1943 pour remplacer son frère qui avait
été enrôlé dans l’armée. Elle y devint la première étoile cubaine
à New-York précédant La Lupe et Celia Cruz[20]
–
Moraima Secada
(Villa-Clara 1930 - La Havane
1984). Elle intègre
Anacaona en 1950 et rejoint Las d’Aida en 1952 avant de commencer
une carrière soliste en 1960.
–
A la suite de Haydé
Portuondo, prend le relai sa sœur Omara
Portuondo, qui y apprend les percussions : petites
percussions, tumbadora et même batterie.
Affiche d’Anacaona : « The Famous orchestra feminine world »
Une instrumentiste qui commença sa carrière dans Anacaona à l'âge de 12 ans, Luisa Cotilla, devint par la suite "La dame de la trompette". Après avoir joué avec Pacho Alonso dans les années '50, elle s'exila en Europe en 1960 et constitua sa propre formation en Espagne, le Conjunto Cubano puis continua sa carrière comme soliste à Amsterdam.
Les dernières sœurs Castro prennent leur retraite en 1987. La bassiste Georgia Aguire, qui – en même temps que sa sœur saxophoniste Dora – avait travaillé comme pianiste dans l’orchestre depuis 1983 sous la direction d’Alicia Castro, reprend la direction en 1987 et reconstitue le groupe avec une nouvelle génération de musiciennes. À ce moment Anacaona est le seul orchestre féminin en activité sur l’île.[21] Cela changera avec les années ’90.
Trovadoras
del Cayo
En 1933 etaient apparues les Trovadoras
del Cayo, fondées par Isolina Carillo (l’auteure de
l’immortel « Dos gardenias » –
1947 – y chantait et
jouait aussi… la trompette). Le groupe cesse son activité en
1935, la directrice suivant son cheminement artistique personnel.
Isolina Carillo
commença à jouer publiquement du piano en 1917 à dix ans (dans un
cinéma pour un remplacement) et prend ainsi place parmi les
premières instrumentistes professionnelles femmes de Cuba. Elle
jouait aussi la guitare, le tres,
le bongo, l’orgue et eut une carrière de professeur
de chant. Elle est auteur d’environ… 200 compositions ! Dans
les années ’40 elle créa une autre formation féminine, le Conjunto
Vocal
Siboney, qui fit des tournées en Amérique latine.[22]
Isolina
Carillo
En 1932, la même année qu’Anacaona, apparaît le Sexteto
Orquesta
Orbe (pour certains le premier groupe féminin cubain à
avoir voyagé à l’étranger : à Veracruz en 1934, mais
Ensueño les a précédées : octobre 1932). En fait un septuor avec
trompette, dont deux musiciennes alternent sax et violon, avec les
sœurs Luisa & Delia Vallejo comme chanteuses. Direction :
Esther Lines,
violoniste, saxophoniste et directrice. Elsa Díaz est à la
batterie.
Hermanas Alvarez. Collection Roberto Garcia.
En 1937 sort de l’orchestre Esther Lines, en
particulier et entrent
de nouveaux membres dont Juanita & Luz Álvarez. Le
groupe devient Jazz band des Hermanas
Alvarez, dont Juanita Alvarez prend la direction, avec
Estelita Gorín comme chanteuse. Le groupe apparaît aux côtés de
Rita Montaner « La única » dans le film Romance del
Palmar. Dans les années 40, il devient Cuban Melody.
La liste de la première génération des orchestres cubains n’est
pas encore close. Citons :
– Hermanas Estupiñán.
De Madruga (Province de La Havane).
–
Renovación. Il est
fondé et dirigé par Nena Ballesteros, direction ensuite reprise
par Carmita Franco. Un groupe féminin à l’exception du
trompettiste soliste Rogelio García. Est également cité dans ce
domaine Renovación Social,
qui est peut-être le même groupe.
–
Hermanas González
La plupart des chanteuses et musiciennes de ses formations, qu’il
s’agisse de duos, de trios ou d’orchestres pratiquent les petites
percussions. Apparurent avec ces orchestres des femmes jouant le
bongo, les timbalès, la batterie. Il est remarquable que la
directrice du premier orchestre féminin répertorié fût timbalera.
Ces formations ont pu avoir la fonction d’école de percussion pour
les chanteuses, à l’exemple du témoignage d’Omara Portuondo qui a appris les
percussions dans un cadre d’orchestre féminin.
Mais en 1942 elle fonde avec Alicia Yanes (guitare et voix
seconde) et Coralia Burguet (guitare et première voix), la
formation Lecuona Cuban
Girls, pendant féminin des Lecuona Cuban Boys. Les Lecuona
Cuban Girls débutent en grand au Casino Nacional, et jouent dans
des lieux courus
comme l’Hotel Sevilla, au Sans Souci, à la radio, dans les
théâtres Encanto y Campoamor, obtenant immédiatement des contrats tant à l’intérieur qu’à
l’extérieur du pays. Comme danseuse, un des titres de gloire de
Margarita Lecuona est d’avoir chorégraphié et dansé la composition
Siboney de son oncle illustre. Son œuvre la plus connue est le hit
afro « Tabú » (1941) créé pour un spectacle pour lequel
elle fut la compositrice, l’interprète, la dessinatrice des
costumes, la manager, le metteur en scène… et directrice!
Margarita et Ernesto Lecuona, d’extraction bourgeoise,
ont en commun un héritage classique mêlé à une proximité avec la
culture afro-cubaine, acquise dans leur quartier Guanabacoa,
haut-lieu de l'afrocubanité.
De
Pinar del Rio :
Roberto
Garcia en recense d’autres, de Pinar del Rio également :
–
Septeto Casiguaya,
région de Camajuaní, province de Las Villas
–
Septeto & sexteto féminin Casiguaya
de Sara Aguilar (Sara Aguilar piano, Blasina Deschapelli
chant, Marta Aguilar voix & maracas, Juanita Montejo marimbula
...),
–
Caracusey
de Conchita Hernández
–
Caunabo
de Hilda González.
A
Remedios (province de Villa Clara) :
–
Orquesta Alegria de Blanca,
dirigée par Blanquita del Pozo.
Une conséquence inattendue de cette armée de musiciennes passées
par les orchestres féminins, dotées souvent d’une bonne formation
est qu’elles contribuèrent largement à constituer la Philharmonie
puis l’orchestre symphonique cubain.
Le phénomène états-unien des orchestres féminins suit d’une décennie celui des orchestres féminins cubains. Dans ce cas, c’est avec la seconde guerre mondiale et la pénurie de musiciens suite à leur enrôlement militaire qu’à été offerte une place vacante pour constituer les formations féminines…
Il
peut paraître s'éloigner de notre sujet de mentionner à ce stade Las
Mulatas del Fuego, groupe chorégraphique créé à
l'initiative de l'entrepreneur de spectacle Rodney, créateurs des
shows du Sans-Souci puis du Tropicana. Ces Mulatas del Fuego
créées en 1947 devinrent pour des décennies la référence de la
rumba de cabaret. Mais il serait tout-à-fait injuste de d'oublier
la dimension musicale de la formation. Dans ses débuts, il y a six
danseuses mais aussi trois chanteuses, plus une qui n'est rien
moins que Celia Cruz (entrée en 1947 ou 48 selon les sources). Y
apparaissent d'autre figures de la musique cubaine. Dés les débuts
Elena Burke, à la fois danseuse et chanteuse dans la formation.
Egalement Omara Portuondo ou la future maman d'Issac Delgado, Lina
Ramírez. Cette formation était en fait à géométrie variable selon
les nécessités des spectacles (cubains ou internationaux, en
particulier au Mexique, tournées ou prestations filmiques et a
subi nombre de changement dans ses participantes. Article
en espagnol de Rosa Marquetti sur Las Mulatas de Fuego
Oscar
López avec des danseuses de Las Mulatas del Fuego © Collection
Oscar López
Les années ‘50 & ‘60
–
Las d’Aida
Les voix de Las D’Aida
On ne peut quitter Las d’Aida sans signaler le rôle important des
femmes dans le mouvement du feeling ou filin’,
qui ouvrit postérieurement la porte aux chanteuses-guitaristes de
la Nueva Trova.[25]
–
Las Hermanas Benítez
Sans doute inspirées par le succès de Las D’aida, tout en s'inscrivant également dans la lignée des célébrissimes Mulatas de Fuego, cinq jeunes sœurs – filles d’un ancien ministre cubain du travail – les Hermanas Benítez forment un groupe vocal qui accède rapidement à la scène internationale et à la télévision mexicaine, initiant des apparitions très commerciales. Après le mariage de la fondatrice Beba Benítez, une sixième sœur entre dans le groupe pour garder le quintette. Après deux nouveaux mariages, le quintette devint trio avec un succès médiatique certain dans les années ’60 en Espagne, avant que trois derniers mariages mènent à la dissolution du trio. Juanita Benítez décède en Espagne en 1995, les autres sœurs étant aujourd’hui dispersées entre les États-Unis, le Mexique, l’Espagne et la Suède.
– Ensueño Tropical
On doit à Patrick Dalmace et à son site montunocubano.com, parmi de nombreuses pages sur des musiciennes et groupes féminins (entre autres), d'avoir mis au jour l'histoire d'un groupe féminin cubain oublié, qui a pourtant connu le succés dans les années '50 et '60 : Ensueño Tropical. La naissance de ce conjunto peut prendre source dans les années '30, mais il est possible qu'il y ait des confusions avec le groupe pionnier Ensueño. Sa directrice fut la pianiste Zoila "Nereida" GONZÁLEZ. Nereida et la trompettiste "La Gorda se taillent un franc succés personnel à Buenos Aires. Dans un 45 tours enregistré en Espagne (cf Deezer) le groupe est accompagné par l'orchestre du péruvien Alberto Cortés.
Source : monunocubano.com
A
Madrid, où une émission de radio lui est encore consacré en 1964,
le groupe prend parfois le nom de "Neireda y sus Mulatas".
http://www.montunocubano.com/Tumbao/biogroupes/ensueno%20tropical,%20orquesta.htm
De
nouveaux groupes féminins vocaux à partir des années '90
Les
années 1990-2000 voient l’émergence de nouveaux groupes vocaux
féminins : Gema 4
ou Camerata Romeu à La Havane ou encore Claras Luces à Santiago de Cuba, parallèlement à un essor important
des chœurs et la création de festivals choraux.
Gema 4, fondé en 1991 avec comme directrice Odette Telleria Orduña (1972), est remarqué pour son haut niveau d’interprétation et une manière bien particulière dans l’harmonisation des voix. Le groupe a parcouru l’Europe et les États-Unis, avec des contrats prolongés en Espagne, où il a réalisé deux CD au milieu des années ‘90.
Vocal Universo reprend depuis Pinar del Rio la tradition des quartettes vocaux féminins cubains à l'instar de Las d'Aida. Créé en 1998, le groupe dirigé par Jacqueline Ramírez est invité dans plausieurs pays caribéens et latino-américains. Aucun point commun avec Vocal Universo d'Uruguay.
Dans
le domaine de la composition contemporaine se distingue Tania León, née en 1943 à La Havane, résidente aux États-Unis depuis
1967, pianiste, chef d'orchestre et compositrice cubaine. Elle est
devenue l'une des personnalités majeures de la vie musicale
américaine. Certaines de ses œuvres mettent en relief la
percussion cubaine, à l'instar des pionniers Amadeo Roldán (Paris
1900 - la Havane 1939, premier compositeur mondial pour
percussions seules) & Alejandro
García Caturla (Remedios 1906 - Villa Clara 1940).
Ainsi : Ritual, 1987,
Batá, 1985, A la Par (pour piano & percussion), 1986. Elle est
nommée ambassadrice culturelle des États-Unis à Madrid en 2008.[26]
Tania
León
De
nouveaux orchestres de son
féminins abordent le XXIe siècle
En ce qui concerne les orchestres
féminins de son des
années 2000 peuvent être cités :
–
Así Son (septeto,
cordes & percussions), majoritairement féminin. Fondé par
le guitariste Vicente Lerro Fong. Sa
première bongocera fut
: Lina López Hernández, alias "la rubia del sabor cubano"
–
Morena Son. Fondé en 1991, à partir
de quelques membres d'une première tentative de
groupe féminin à Santiago de Cuba, Tradición
Morena, à la suite de la dissolution de
ce dernier. Directrice : Aimé Campos. Ce septeto
au répertoire de son et trova
bénéficie de l'intérêt pour la musique
traditionnelle cubaine deans les années '90 et
voyage en Italie, Angleterre, Allemagne,
Belgique, Hongrie, France (dont 2012), Autriche,
Hollande, Isles Canaries, Espagne, Suisse &
Belize. Elles présentent en 2018 un nouveau CD, "Lo
que traigo yo" produit par Alain Pérez (EGREM).
–
Septeto Las Perlas del Son
(Santiago). Cette
formation de sept musiciennes adopte en fait le format du sexteto.
Elle apparut en 1995, avec un répertoire du son
traditionnel de Santiago et des autres particularités locales
(conga, merengue). Elle fit une tournée aux États-Unis en 1999 et
se distingue admirablement dans la vie musicale de Santiago de
Cuba en revisitant les sources du son.
Cette fidélité ne va pas sans un impact international avec ses
voyages au Canada, Australie, Japon et Mexique.
Las
Perlas del Son. Photo du label Corason.
–
Okán
de Santiago de Cuba rejoint un moment par la chanteuse Nancy
Garcia Vinent, fit ensuite des tournées en Europe (2009 par
exemple).
Okan
en tournée européenne (Hollande)
–
Grupo Café, de La Havane, sexteto avec flûte
traversière, qui reprend entre autres des compositions de Compay
Segundo.
–
Septeto Vida,
de Santa Clara.
–
Ad Libitum de
Cienfuegos est un cuarteto de son,
tendance « symphonique »
–
RaSon de Villa Clara. S’y
distinguent aux percussions Yenisley Rivero López (congas,
percussion, voix) et Bárbara Daimé Martín Basulto (pailas), par
ailleurs professeur d’école professionnelle de musique.[27]
Le
style changüi a eu
aussi son orchestre féminin :
–
La Guantanamera
(fondé le 25 avril 1998) est un groupe féminin de Guantánamo, avec
instrumentation et répertoire de changüi, qui fut patronné par le
musicien, musicologue et promoteur culturel Santiago Moreaux
Jardines (1943 - 2009). Le groupe devint professionnel et fit des
émissions de radio et de télévision à Guantánamo & Santiago de Cuba, tout en participant à de
grands événements et aux festivités de carnaval.
Il a aussi travaillé à La Havane, où il était mené par la
marimbulera et vocaliste
Lissete Monferrer García.
A
Guantánamo, doit être mentionnée également la bongosera
Dailín Márquez Planche (1er prix de bongo du Festival de
changüi 2005). Percussionniste formée au conservatoire de
Guantánamo, elle s’affirme très jeune comme bongosera
de changüi dans le groupe de Celso « el guajiro » de
Yateras (elle n’avait pas encore l’âge requis pour recevoir un
prix au 1er Festival de changüi de 2003, ou elle participa la
première fois au concours). C’est
la première et jusqu’ici la seule femme à avoir été récompensée
comme musicienne dans les festivals de changüi. Elle a continué sa
carrière à Varadero.[28]
Dailin
Marquez Planche - Festival du changüi - 2005 - Photo Daniel
Chatelain
Avec l’apparition des orchestres de timba dans les années ’90 se
forme une vague d’orchestre féminins représentatifs de ce style,
ou naviguant entre salsa et timba. Leur phare cubain est le groupe
Anacaona rénové, qui lui-même se met à emprunter à la timba. Mais
le succès international du groupe dominicain Las Chicas del Can,
centré sur un répertoire de merengue comme il se doit, a dû donner
des perspectives et espérances aux groupes en formation dans les
temps difficiles de la "période spéciale" cubaine, avec, pour
atout, des musiciennes bénéficianrt de la qualité de formation des
écoles de musique cubaine. Las Chicas del Can furent crées en 1981
et se désintégrèrent en 1999.
– Mulatas de Fuego : salsa, timba. Ces musiciennes reprennent le nom du groupe de danseuses et chanteuses créé par Rodney au cabaret Tropicana avant la Révolution, groupe dont la plastique et les talents chorégraphiques ont marqué l’imaginaire lié à la musique cubaine.
–
Grupo Canela, formé
en 1989. Dirigé
par Zoe Fuentes Aldama, timbalera (de formation
classique et universitaire). Ses participantes sont formées comme
sa directrice dans les universités de musique de Cuba et ont aussi
fait de la musique classique et presque toutes ont appartenu à la
Banda Nacional de Conciertos, d’où l’apparition de divers
instruments comme le hautbois, la clarinette, le violon ou la
flûte en même temps que les timbalès, congas, batterie, claviers,
bata,
saxophone et voix.
On retrouve une dimension familiale, comme dans les premiers
orchestres féminins. La sœur de la directrice, Giselda,
est la bassiste et son frère Jesús est directeur musical et
arrangeur. C’est lui qui les a induit à faire du latin jazz et à
reprendre des styles comme le pilón
et le mozambique. Une autre membre de la famille Fuentes est
percussionniste, hors de Canela semble-t-il. Le groupe reconnaît
l’appui de musiciens de renom pour parfaire leur formation
musicale (Carlos del Puerto, Changuito, Luis Manreza…). Se
distingue au bongo dans Canela : Yordanka Gutiérrez [29]
Grupo
Canela
Après l’enregistrement de plusieurs CD, elles créent leur propre
label en l’an 2000. Leur carrière nationale et internationale très
dense est retracée (jusque 2005) dans l’ouvrage de Valdés Cantero.
2005.
–
Son Damas.
Son
Damas
–
Las Chicas del Sabor.
Aux timbalès au début du groupe : Regla Milagros Abreu (Santa
Clara 1970), percussionniste formée par ailleurs au piano et à la
composition contemporaine. Elle jouera ensuite avec Son Damas puis
Anacaona [30]
–
Chicas del Sol. Fondé
en 1993, le groupe enregistre dès 1994. Directrice : Juana
Grisel López Linares (1974), bassiste.[31]
–
Lady Salsa Mix est
en fait un groupe mixte avec cinq musiciennes renforcées de trois
musiciens (percussion, batterie, trompette), dirigé par le
percussionniste Orlandito
Mileuna. Il a un répertoire composite basé sur la salsa et
les rythmes populaires cubains et abordant merengue, samba et
reggae. Ses concerts tirent vers le show avec danseuses et
figurant(e)s.
–
Caribe Girls, fondé
en 1999 est un orchestre salsa havanais de douze musiciennes dont
quatre chanteuses et deux trombones avec un répertoire de rythmes
cubains, merengue et salsa dirigé par Thiving
Guerra Benitez. Ses premières tournées furent en Martinique
et Guyane et elles ont ensuite parcouru presque tout l’Europe,
dont la Russie, ainsi que le Mexique et le Venezuela.[32]
Caribe
Girls
–
Habanera son.
Groupe féminin avec Giraldo Piloto (directeur de Klimax) comme
mentor. La fille du timbalero
Amadito Valdés Jr, Idiana Valdés,
y fait ses débuts de chanteuse, avant une brillante carrière.
–
Musas son. Il a été
le second groupe féminin où a chanté Idiana Valdés.[33]
–
Ricachá. Charanga
fondée à La Havane en 1994. Directrice : Belkis Izquierdo, bassiste – également pianiste –
arrrangeuse, par ailleurs musicologue et professeur à l’Ecole
Nationale d’Art. Le départ en 2000 de la flûtiste et de la
violoniste a eu pour conséquence des fonctions plus larges
attribuées aux claviers.
–
Ellas Son a été
fondé à la fin des années ’90. Tamara
Castañeda
y joua les tumbadoras. Le
groupe est originaire de Santa Clara.
Pour
la seule province de Pinar del Río, à partir des années ’90 se
fondent les orchestres féminins Canvas,
Cristal (2002),
Almendra & Son Cubanas.
Cristal est un groupe féminin à l'exception du joueur de congas. Le groupe a une audience nationale, du moins à la télévision et adapte à l'occasion des succés internationaux (ex. : Aïcha de J.-L.Goldman).
—
Un des groupes havanais féminins les plus récents et abordant une
carrière internationale est Mulatason, élargi
par étapes de 8 à 11 musiciennes issues des écoles supérieures de
musique cubaine. Leurs concerts sont pensés comme des shows. Page
facebook.
D’autres
orchestres
féminins sont cités dans cette période sans que nous parviennent
jusqu’ici des informations détaillées : Caramelo
Son,
Danzonellas, Las Cubanísimas, Indianas, Chicas Morenas, Las
Cecilias, Azúcar, Flores de Seda, Salsa Morena.
Anacaona
continue d’être une figure de proue des orchestres féminins dans
les deux dernières décennies, atteignant et fêtant les 85 ans de
fondation en 2017, en se produisant sur les lieux originels où
jouèrent les fondatrices du groupe, comme le théâtre Peyret et une
tournée dans tout Cuba.
Anacaona
dans la composition de son 85e anniversaire. Photo Marianela
Dufar.
Dans
les années ’90, on remarque
dans Anacaona la bongocera Leysi Ferrer
(fille du tresiste Felipe Ferrer Caballero du Septeto Habanero).
Dans les années 2000 est relevée la présence des
percussionnistes Isabel
Suárez, au bongo & Yndianis
Quintana.
DES
VOIX JUSQU’AU RAP
–
Sexto Sentido,
fondé à La Havane en 1997 prend, pour son compte, la voie du
groupe féminin vocal.
Les
quatre fondatrices, toutes nées en 1982, sont Arlety Valdés,
Eliene Castillo (remplacée en 2012 par María Karla Pérez), Melvis
Estévez (remplacée en 2010 par Wendy Vizcaíno, fille du
percussionniste de même nom) & Yudelkis Lafuente. Vingt ans
après cette fondation, la qualité artistique des vidéos du groupe
explique un phénomène viral des amateurs de musique cubaine sur
internet. [34]
–
Vocal tres. Trio vocal
havanais fondé en 1998.
Santiago
de Cuba, qui jouit d'une forte tradition des chœurs, entretenue
par le maestro Electo Siva –
longtemps à la tête de l'Orféon Santiago et créateur du festival
international de chœurs –
connaît actuellement plusieurs groupes féminins
vocaux en particulier :
– Vocal Divas, fondé en 2000 à Santiago de Cuba. Directrice & voix soprano : Silvia Margarita Calzado (1970). Sa directrice reste la seule fondatrice du groupe, entièrement remanié en 2011.
Vocal Divas (2017)
— Cuarteto Vocal Vidas. Ana Hernandez Rosillo (soprano, directrice générale) forme en 2011-2012 le groupe Vocal Divas avec avec les chanteuses Maryoris Mena Faez (contralto, directrice musicale), Koset Muñoa Columbié (mezzo, auoparavant de Vocal Divas), & Annia del Toro Leyva (contralto). L'Etats-unien Robin Miller, les remarque en 2014 et produit un documentaire "Soy Cubana" présenté dans de nombreux festivals, où il obtient plusieurs prix (cf trailer dans le lien). Le film retrace des scènes de la vie quotidienne des membres du groupe. Le groupe Vocal Vidas a reçu un prix Cubadisco en 2016 pour son album "Canción y Vida".
Vocal
Vidas (DR)
— Vocal Adalias, Quintette fondé en 2001,
longtemps parrainées par l'Alliance Française de la ville. Directrice
: Raizary
Mariol Ramirez. CD EGREM : "Santiaguerason".
Le premier groupe de rap cubain féminin : Instinto. Avec Janet Díaz (1974), direcrice, Doricep Agramonte (1975) & Judith Porto (1973). Elles se firent connaître lors du premier festival de rap havanais de 1996. Elles associèrent le rap à d’autres expressions, comme les chants afro-cubains issus des rituels et le lyrique. Elles poursuivent aujourd’hui des carrières personnelles.
Premier
CD de Sexto Sentido, produit en Russie (2004)
AUTRES
FEMMES PERCUSSIONNISTES
À propos des percussionnistes femmes
de musique latine, on se doit de nommer la portoricaine
Mirta Silva (1924-1987) : chanteuse,
tumbadora,
bongós, maracas, clave,
timbalès. Elle a été la première personne jouant des timbalès à
intégrer le syndicat des musiciens aux
Myrta
Silva
Parmi les
percussionnistes cubaines en activité :
–
Leysi Ferrer
ex-Anacaona (bongo) vit actuellement en France. (percussionniste
et chanteuse de « Chamaco », percussionniste de Togo
tempo, groupe afro-beat).
–
Bárbara Ferrer,
bongosera de Dan Den.
–
Liuba García,
congas.
–
María de Los Angeles Lopéz,
bongosera (Tournée au
Japon en 1998).
–
Reina Puebla,
timbalès. Concerts (chant, percussion) aux USA, France (où elle
vit actuellement), Allemagne.
Le phénomène est fréquent d’instrumentistes cubaines, en
comprenant les percussions, faisant leurs classes professionnelles
dans des orchestres féminins et poursuivant ensuite des carrières
dans des orchestres « mixtes ».
De même, ces
instrumentistes passent souvent par plusieurs orchestres féminins.
Prenons l’exemple de Madeleine Gómez Matos, tumbadora de Anacaona, passée
par les formations Grupo
Canela, Caribe
Girls, Lady
Salsa[35]
Deux batteuses cubaines sont particulièrement remarquées ces
dernières années:
–
Yissy Garcia, qui
dirige un groupe sans
une autre femme, Banda Ancha. Elle a fait partie de Anacaona
(batterie, timbalès, bongo). [36]
– Annette
Guerra, accompagnatrice de Raúl
Paz, de Secreto Cubano et ex-directrice de groupe (Metis Suwin).
Anette Guerra
En
2014,
la saxophoniste canadienne Jane Bunnett réunit sous le nom Maquequé
une formation latin jazz féminine où plusieurs instrumentistes
cubaines de talent sont aussi compositrices. Leur CD éponyme gagne
cette année-là le Juno, catégorie album de jazz. En 2016 sort un
second CD : Oddara, avec : Yissy Garcia (batt.), Dánae Olano
(p), Melvis Santa (perc., voix), Celia Jiménez (b) & Magdelys
Savigne (t. batá, cg). La disque a été nominé aux Grammy Awards de
janvier 2018 dans la catégorie latin jazz.
Suite à l'enregistrement de ce CD, Magdelys Savigne,
percussionniste originaire de Santiago de Cuba, a été classée n°3
(et première femme) des Jazz Awards Station 2016 dans la catégorie
percussion.
– Tamara
Castañeda est marimbiste-xylophoniste : formée aux
percussions classiques et aux percussions cubaines, elle évolue
dans la scène jazzistique havanaise.[37]
– Le vibraphone a été remis à l'honneur dans les orchestrations de Afro Cuba All Stars en 2017-2018, joué par l'excellente improvisatrice Gliceria González, fille de Juan de Marcos González, le directeur (dans la formation apparaît aussi un sœur de Gliceria, Laura Lydia, à la basse).
DES
BATAS AFROCUBAINS A LA RUMBA
Il nous faut aborder la question du
genre dans le cas des tambours
batas. Les tambours consacrés étant réservés à des initiés
masculins (omo añá) et les premières apparitions des tambours
batas en dehors du contexte rituel datant des années ’30, il a
fallu que s’écoule une cinquantaine d’années après leur apparition
publique (laquelle suivait un siècle de transmission rituelle)
pour que soit mentionnée la transmission de la tradition de ces
rythmes à des femmes.
La question posée dans les années ’80 à des maîtres-tambours par
des percussionnistes femmes extérieures à l’île d’apprendre cette
tradition rythmique (soit au cours de tournées en Europe ou aux
États-Unis, soit lors de voyages de celles-ci à Cuba) semble avoir
aidé ceux-ci à prendre position. Pour ceux qui n’ont pas persisté
à refuser, s’est opérée –
dans ce domaine de la
transmission –
la distinction entre les
tambours profanes et les tambours consacrés, ceux-ci étant exclus
d'usage féminin pour des raisons initiatiques. Cette distinction
fut le cas de Mililián Galis, un des premiers à s’être déterminé
dans ce sens et avoir entrepris une transmission systématique à
des élèves cubaines ou étrangères.[38]
Ce questionnement s’est aussi opéré dans les groupes
professionnels de Folklore, certaines femmes voulant dépasser leur
cantonnement au chant et surtout à la danse.
Se manifeste ainsi un phénomène de danseuses afro-cubaines formées
à la percussion au début des années ‘90 en particulier à La Havane
autour du Conjunto Folklorico Nacional.
Malgré une attribution un peu rapide, habituellement faîte au groupe havanais Obbini bata, selon les informations à notre portée les premières joueuses de batá à Cuba viennent d'Oriente :
–
Années 80 - jusqu’environ 1992 : show de batas par une femme
percussionniste, Carmen
Pratt, à l’hôtel Casa Granda de Santiago.
–
Lay Ferrer Vaillant,
une élève de Gali, jouait les trois batas rassemblés à
Santiago au début des années ’90. Elle a ensuite continué sa
carrière artistique à Varadero.
À signaler que ce maître-tambour a transmis ses répertoires
rythmiques afro-cubains à sa compagne Regla
Palacios Castellano, qui est aussi son assistante en
situation de transmission.
Une autre batalera de Santiago : Nagybe
Magdariaga. Sa formation initiale s'est faîte auprès d'un
maître de La Havane et elle a aussi appris auprès de Gali. Elle a
présenté en 2011 le projet d'une nouvelle ritualité des tambours
batas pour des femmes, avec des rythmes, des chants et une
initiation distinctes de celles des omo aña masculins
sous le patronage de l'oricha féminin Ochún (un mouvement
parallèle a lieu au niveau rituel rituel afro-cubain de femmes
revendiquant une initiation spécifique à Ifa et le titre
d'iyanifa, dans un domaine jusque là réservé des hommes
babalawo).
A Santiago, le groupe Folkloyuma a innové dans les années ’80 avec un chœur de rumba exclusivement féminin. Cet exemple de « féminisation » semble avoir eu une influence pour arriver à un groupe de rumba et folklore afro-cubain entièrement féminin : Obini Iraguo.
Obini Iraguo avec Nancy Garcia Vinent en chanteuse soliste
–
Toujours à Santiago,
Obini Iraguo, groupe féminin
aussi bien d'afro-cubain –
utilisant les batas –
que de rumba a été entraîné pendant plusieurs années par un
homme : Joaquín Solórzano, percussionniste et joueur de corneta
china. Obini Iraguo (ou Obini Irawo) veut dire en
yoruba : "Femmes Étoiles". Depuis 2008 environ,
Obini Iraguo a changé de direction et ses membres se sont
renouvelés. Joaquín
Solórzano est devenu directeur des "Tambores de Bonne".
Il existe aussi à Santiago plusieurs femmes percussionnistes jouant les batas sur scène : ainsi dans le groupe Okan ou dans le groupe Galibata (Regla).
Obini
Iraguo (avec le directeur et le roadie). Photo Daniel Chatelain
2010.
À
La Havane Justo Pelladito (ex-Conjunto Folklórico Nacional), fils
d’un fondateur de Los Muñequitos de Matanzas et premier enseignant
de la percussion afro-cubaine à l’université d’Arts à Cuba, forme
un groupe de femmes chant-danse-percussion dont il devient
directeur et éventuellement soliste : Afroamerica.
Ce groupe transmet (entre autres) un style peu joué : les tonadas
trinitarias. Ses activités se répartissent sur les
trois dernière décennies.
–
Afroamerica.
Percussionnistes : Mercedes
Lay Bravo, Marisela
Trujillio, Florinda
Sabido. Fondé
au début des années ’90. CD en 1997 (Suisse). D'autres musiciens
se sont agrégés par la suite au trio des femmes percussionnistes
et du directeur.
Vidéo
Ritmacuba : Afroamerica au début des années '90
–
Grupo D'Akokkán. Direction
William Herriere (Callejon de Hammel). Rumba
& batas. Féminin sauf le directeur. Nous avons vu ce groupe
animer le Callejón de Hammel à La Havane en 1998. Il a ensuite
enregistré un CD.
– Obini Batá La Havane. Groupe professionnel formé à partir de trois membres féminins du Conjunto Folklorico Nacional en 1993. Tout en s'affrontant à un certain machisme ambiant, elles bénéficièrent de la transmission de Julio Caballo, El Goyo, ou Mario Jaureguí Aspirina, particulièrement.
Obiní Batá (Obini veut dire femme en langue yoruba) fut fondé par
Deborah C. Méndez Frontela, Mirta Ocanto González & Eva
Despaigne Trujillo, qui jouaient, chantaient et dansaient. Depuis
1999, il comporte six artistes femmes, dirigées par une
fondatrice, Eva Despaigne
Trujillo. Au fil des années se produit un renouvellement des
membres du groupe. Principale percussionniste : Adairis Amelia Mesa González. [39]
Obini Bata
Interview
(français) de Eva Despaigne, retraçant l'histoire de Obini
Bata (par Fabrice Hatem)
Vidéo : court-métrage "Obini Bata : una sonrisa para el tambor" (18 mn, esp. non sous-titré)
Dans
le court métrage qui lui est consacré, Deborah C. Méndez
explique comment la chanteuse Merceditas Valdés, pionnière
dans la scénification de la tradition afrocubaine d'origine
yoruba, lui a donné le surnom de "dama de la percusión".
Melena
Francis Valdes (cf. infra) cite d’autres
groupes féminins afro-cubains :
–
Ibbu Okun La Havane
–
Obini Aberíkula
Matanzas
– Las Obinis Ache Cienfuegos
Eva Despaigne cite aussi en particulier :
–
Obini Oni à Cardenas
Le
troisième CD de "Team Cuba de la rumba" du label EGREM porte le
titre de "Mujeres en la rumba" (Femmes dans la
rumba). Il a été entièrement enregistré par un collectif féminin
réuni à partir de toute la nation cubaine par le saxophoniste
Germán Velazco et Armando Dedeu. En dehors de chanteuses et
percussionistes issues de la tradition de la rumba, ont aussi
participé à ce disque des chanteuses reconnues dans d'autre
domaines musicaux, ainsi Yuliet Abreu (La papina), Vania Borges,
Omara Portuondo, Telmary Díaz ainsi que María Victoria Rodríguez,
venue du punto (musique paysanne cubaine basée sur l'improvisation
vocale). Ce CD a obtenu le prix Cubadisco dans la catégorie
tradition afro-cubaine. Il caractérise une nouvelle marche dans
l'avancée des femmes dans un style cubain inscrit désormais au
patrimoine immatériel de l'humanité.
GROUPE
DE FEMMES DE TRADITION HAITIANO-CUBAINE
Danza Zetwal est constitué par les femmes du groupe de tradition haitiano-cubaine Renacer Haitiano de Ciego de Avila (région centrale de Cuba). Zetwal, du créole, signifie "étoiles". Elles jouent les traditions de la communauté haïtienne, vodu ou gaga, style carnavalesque. Ce dernier style les conduit à une danse tonique et spectaculaire, jusqu'aux exploits physiques : les drapeaux agitent l'air, l'une crache du feu, l'autre soulève une table à la force de ses maxillaires.
Vidéo
Ritmacuba : Gagá de Danza Zetwal (Captation de Daniel
Mirabeau)
Aux
États-Unis :
–
Nanette García. Dirige
un groupe de bata féminin. Elève de Felipe Garcia Villamil. Nous
ne savons pas si ce groupe est uniquement artistique ou s’il joue
les tambours aberikula dans des cérémonies, ce qui serait inédit
et sujet à controverses ; un article de Stefania Capone, où ce groupe est cité, ne lève pas cette ambigüité. Selon un blog
de Patrice Banchereau il y aurait des affirmations très
contestables dans la méthode de bata matancero
publiée par Nanette Garcia[40].
Aux États-Unis toujours, Cocomama (New-York) est un groupe féminin cosmopolite dont le répertoire varie du latin jazz à la timba. Y officient en particulier deux très bonnes pianistes Ariacne Trujillo Durand (Cuba/N.-York) et Nicky Drenner (USA). Et une française, chanteuse, performeuse et arrangeuse, Christelle Durandy.
"Quiero"
Vidéo officielle Cocomama avec Christelle Durandy
En Espagne :
–
Madelín Espinoza Martínez,
née à La Havane, est venue tardivement aux percussions
malgré un père percussionniste au départ peu favorable à
une telle vocation... et un peu grâce à un frère également
également percussionniste. Etablie en Espagne, elle
développe le jeu à trois et quatre congas, avec une
activité intense de professeur de percussions (prof. du
festival Percufest). Passée par plusieurs orchestres
féminins elle joue dans le quartette féminin "Chicas
de La Habana" avec Hilda Rosa (Direction
et basse), Rolaine Phinney (Voix et petites percussions)
& Joanna González (piano), groupe qui n'hésite pas à
se confronter à des compositions latin jazz de haut niveau
en dépit de son petit format.
En
Allemagne :
– Dorothee Marx, élève de Milián Gali aux batas et autres percussions afro-cubaines a développé des activités autour de la percussion aux côtés de son mari, le percussionniste colombien Daniel Basanta (aujourd'hui décédé). Fondatrice et directrice de la conga "alemana" Takatún, constituée majoritairement de femmes élèves de "Dorotea", qui a participé à différentes reprises au Festival del Caribe à Santiago de Cuba. Les fondateurs de Takatún ont été, en même temps que ceux de Ritmacuba, au sein d'un même cortège, les premiers étrangers à défiler à Cuba en formation carnavalesque de conga oriental (1992).
Quelques
percussionnistes femmes de musique cubaine en France :
– En ce qui concerne l’enseignement des percussions afro-cubaines, dont les batas, se doit être mentionné le rôle précurseur de Claire Gautier (élève de Mililián Galis à la fin des années ’80) dans la banlieue sud de Paris. Elle a dû ensuite abandonner sa pratique des tambours.
Mais les tambours batas ont été introduit en France au milieu des années '80 par des percussionnistes nommés Roger Fixy, Arnold Moueza et Christian Nicolas, tous les trois d'origine antillaise, à l'origine des groupes afro-cubains traditionnels et rumba Iluyenkori et - pour le dernier cité - Macoubary. Iluyenkori a été co-fondé par la chanteuse et danseuse Daniela Giacone.
Daniela Giacone se fait aussi conteuse en fondant en 2005 le groupe féminin afro-cubain TANA. Entourée de trois joueuses de tambour bata et autres percussions afro-cubaines (Magali Boucharlat, Diana Huidobro, Betty Rojas), elle conte, chante et danse la création du monde et les aventures des divinités du panthéon yoruba : les orichas.
– La percussionniste et choriste Betty Rojas, née aux États-Unis, d’ascendance cubaine, s'est installée à Paris où elle se perfectionne dans la percussion-afro-cubaine avec les piliers de cette musique présents dans la capitale. Elle participe à des tournées de Rumbanana, accompagne la chanteuse afro-cubaine installée en France Marta Galarraga et joue entre autre avec le jazzman Leon Parker.
– Magali Boucharlat, se forme à Paris (auprès d'Orlando Poleo) et à La Havane à la percussion afro-cubaine et à la rumba. A son retour de la capitale cubaine elle intègre Yemaya La Banda aux congas et bongo (album Salsaloca au féminin). Puis TANA dans le domaine afro-cubain traditionnel. Elle joue également avec les groupes Chevere que Son.
– La percussionniste et chanteuse Natascha Rogers, d’origine américaine et néerlandaise, installée à Bordeaux y étudie la percussion et reçoit l’enseignement de maîtres cubains dans ses voyages à Cuba : Maximino Duquesne, Alberto Villareal, Ernesto Gatel «El gato». Elle participe au groupe Bailongo (répertoire cubain et portoricain). L’auteur a pu aussi apprécier sa participation à des concerts de Sandunga Latina.
– La percussionniste de nom artistique Marion Ceïba, titulaire d’un DEM, de La Rochelle, a formé un quartette à Bordeaux en 2012 ainsi qu’un groupe de voix et percussion afro-cubain féminin : Irawo.
–
Une enseignante titulaire d’un D.E. de musique
traditionnelle : Raphaëlle
Frey-Maibach (Lyon) a reçu la transmission des
percussionnistes cubains El Goyo, Alberto Villareal et Gali (au
sein de Ritmacuba). Elle est à l'origine du Collectif « Habla
Tambores ».
Mais
dans cette deuxième décennie
du XXIe siècle, les digues ont été rompues et une
énumération deviendrait vite trop longue pour le cadre imparti…
Quelques autres noms vont apparaître cependant avec deux exemples
d'orchestres féminins français.
Parmi
les groupes féminins de Salsa en France : la
primeur de « la salsa au féminin » est revenue aux Rumbananas
fondées en 1994 où Julie Saury (fille du musicien de jazz
Maxime Saury) tient la batterie. De 2001 à 2007 y chante Patricia
Najera (qui s’était affirmée auparavant dans l’orchestre big band
Mambomania). Rumbananas a en particulier de nombreuses prestations
télévisuelles à son actif.
Les
Rubananas avec Patricia Najera
Le groupe Yemaya La Banda
a atteint progressivement une envergure internationale. Fondé en
1998 avec 12 musiciennes de diverses nationalités, il s’inscrit
dans le courant de la « salsa consciente » aux paroles
portées par trois chanteuses hispanophones d’origine (Espagne,
Chili, Argentine). Le nom choisi est celui d’une divinité marine,
l’oricha féminin Yemaya. Depuis 2009,
les percussionnistes en sont
Lidia Ruccio :
timbales, Raphaëlle Rayon
: conga, Magali Boucharlat
: bongos.[42]
Remerciements
à Claudine Jobet pour son attentive relecture.
Bibliographie générale
:
Stefania
Capone « Des batá à New York : le rôle joué par la musique
dans la diffusion de la santería
aux États-Unis. » https://nuevomundo.revues.org/2258
Jorge
Calderón María Teresa Vera,
Letras Cubanas, La Havane, 1986.
Julia Calzadilla. Trío hermanas Lago. La Habana, Editorial Letras Cubanas, 2002.
Patrick
Dalmace. Les orchestres féminins des années trente http://www.montunocubano.com/Tumbao/info/orchestres%20feminins%20des%20annees%20trente.htm
Mercy
Díaz « La mujer en la música cubana » http://www.archivocubano.org/diaz.htm
The Diaz Ayala Cuban and Latin American Popular Music
Collection http://latinpop.fiu.edu/
Roberto García. « Las
Orquestas femeninas en Cuba »
Radames Giro. Diccionario enciclópedico de la música en Cuba. Letras Cubanas La Havane. 2007.
Lorenzo
Jardines Pérez. Chepín, la música de una ciudad. Casa del Caribe,
Santiago de Cuba. 2012.
Antonia López Sánchez. Trovadoras .
Ed.
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Pierre
Maraval : Portraits x 1000 : "Mille Femmes Cubaines" http://www.maraval.org/spip.php?article72
Orovio,
Elio. Diccionario de la
música cubana
Letras cubanas, La Havane, 1992
Pryor,
Andrea. 1999. « The House of Añá: Women and Batá ». CBMR
Digest 12, no. 2.: 6–8.
Elizabeth
Sayre. « Cuban
Batá Drumming and Women Musicians: An Open Question » Center
for Black Music Research Digest Spring 2000. http://musicandculture.blogspot.fr/2008/03/women-and-bat-drums.html
Nora Sosa “Anacaona. 45
años de música”, Revista
Mujeres septiembre, La Havane.1979.
Luis Tamargo. 2007. « A brief history of Cuba’s
female bands ». Latin
beat magazine.
Alicia
Valdés. Diccionario de mujeres notables en la música
cubana.
Mariposa Estudios. Ed Oriente. Santiago de Cuba. 2011.
Valdés
Cantero, Alicia. Con música, textos y presencia de Mujer. Ediciones UNIÓN. 2005.
Raquel
Vinat Mata « De qué callada manera », una mirada desde
la historia al discurso musical femenino cubano del siglo XIX.
Revista Clave año 16 n°2. 2014. La Havane.
http://www.mujeres.co.cu/articulo.asp?a=2007&num=327&art=16
http://www.granma.cu/frances/culturelles/26sep-Les
groupes.html
Bibliographie
sur Anacaona :
(sans
titre). http://www.lajiribilla.co.cu/2006/n283_10/memoria.html
Bruce
Bastin Notes du CD CD HQCD-27.
J-M. Carrasc http://www.blogin-in-the-wind.es/2007/12/30/anacaona/
Anacaona El Sonido de las flores (mai 2006) : http://lacubamia.blogspot.com/2006/03/anacaona-el-sonido-de-las-flores.html
María del Carmen Mestas « Al compás de Anacaona ».
Mujeres n°327. 2007. » http://www.mujeres.co.cu/articulo.asp?a=2007&num=327&art=16
mars 2007
Alicia Castro, Ingrid Kummels
Queens of Havana: The
Amazing Adventures of Anacaona, Cuba's Legendary All-Girl Dance
Band. USA. 2007
Discographie :
100 Lindas Cubanas. Festival de mujeres soneras. 1995
(enregistré en public en 1994).
Afroamerica
Cuba. Chants et rythmes afrocubains. CD, VDE-GALLO CD-959, Genève 1997. Suisse.
Anacaona. Septeto Anacaona. L.H. 1937, Harlequin, HQCD
27. Grande-Bretagne.
Anacaona. Anacaona ¡Ay! L.H. 1991, P.M. Records. Grande-Bretagne.
Anacaona. Anacaona. Lo que tu no
esperabas. L.H. 2000, Lusafrica. France.
Canela. Algo Fresquito.
Canela. Cien Lindas Chicas. ARTEX. Cuba.
Canela. Llego el momento. Welwurden record. Allemagne.
Canela. Échate Canela. Welwurden record. Allemagne.
Canela. Pegando.
Fuencane Productions. Cuba.
Canela. Live in La Zorra y El Cuervo. Fuencane Productions. Cuba.
Canela. Jazzeando a lo Canela. Fuencane Productions. Cuba.
Canela. De fiesta. Fuencane Productions. Cuba.
Canela. Confusión. Fuencane Productions. Cuba.
Canela. De medio lao.
COLIBRI. Cuba.
Chicas del Sol. Chicas del Sol. Deshima Music. Allemagne.
1999.
D'Akokkán, Grupo. Tiembla la tierra. Envidia. Allemagne;
Gema 4. Grandes boleros a capella. Cosmopolitan,
Espagne, 1994
Gema 4. Te voy a dar. PICAP, Espagne, 1996
Las d’Aida. Soy la mulata. Belafont record, Allemagne
1994
Las d’Aida. Cuarteto Las d’Aida. EGREM 1995. Cuba.
Hermanas Marti. Manuel Corona. EGREM, 2001. Cuba.
Las Perlas del Son. Si Senor! Corason Records. 1998 /
2006. México.
Morenas son. Morena Son. EGREM. Cuba.
Morenas son. Cuidaó que te quema. BIS MUSIC. Cuba.
Son Damas. Llegó son Damas. EUROTROPICAL 1996. Espagne.
Son Damas. A todo ritmo. BIS MUSIC. 1998. Cuba.
Son Damas, in : 100 Lindas Cubanas. Festival de mujeres soneras, 1995. BIS MUSIC. Cuba.
Vocal Divas. Vocal Divas. EGREM 2001. Cuba.
Vocal Divas. Soy Santiaguera. EGREM 2002. Cuba.
Vocal Divas. Canción y vida. Cuba. Prix Cubadisco.
Yemaya
La Banda. Salsaloca au
féminin. http://yemayalabanda.free.fr
Paris.
Documents
vidéos :
Le
premier DVD cité va plus loin que son titre, car il part de
témoins de l’histoire d’Anacaona et d’avis de spécialistes pour la
situer dans le contexte des orchestres féminins.
Anacaona.
« 70 años después » Réalisation Jorge Aguirre .
Citmatel/ RTV La Habana, Cuba.
Anacaona.
Anacaona.
K7 VHS. Vidéo Stock (Abidjan) / Kalim International 198?
Anacaona.
Anacaona. Ten Sisters of Rythm. Allemagne 2003. Timba
Records.
Anacaona.
DVD promotionnel 2012 (France).
Anacaona.
The Buena Vista Sister’s Club. USA
Obini Bata Cuba. Conjunto femenino de percusión, canto y danza. DVD. Earthcds partners.
Vocal
Divas. Soy Santiaguera. Produit par Robin Miller. USA. 2015.
[1]
Malgré
tout
l’intérêt de ce domaine, nous ne traiterons pas ici des
chanteuses cubaines, innombrables et pourtant largement
répertoriées dans les dictionnaires de la musique cubaine.
Atteignant la dimension de divas comme l’impériale Celia Cruz
ou « prenant le pouvoir » sur la scène et les
plateaux comme l’attachante provocatrice La Lupe (cf
http://www.ritmacuba.com/Lupe-en-Santiago.html),
ou
encore surgie de la domesticité pour devenir le centre
d’attraction d’une capitale et un
mythe
romanesque : Freddy devenue « la que cantaba
bolero » dans Tristes Tigres de Lezama Lima, ou, pour en
finir avec les exemples, héroïnes populaires extraites de la
pauvreté rurale comme Celina González. Ni même des alter
ego femmes des auteurs-compositeurs s’accompagnant à la
guitare surgis autour de la Révolution avec la Nueva Trova et
reconnues par le régime révolutionnaire.
Par rapport à cette place institutionnalisée des
femmes dans la musique cubaine – ou contestataire
– et quelque soit le mérite de la conquête pour
l’obtenir, nous déplacerons un peu les projecteurs sur
d’autres individualités artistiques, tout en prenant en compte
le phénomène collectif d’ampleur inédite, aux origines
jusqu’ici assez mal connues, des groupes féminins. Pour une
approche plus exhaustive des femmes dans la musique cubaine,
nous
renvoyons au dictionnaire d’Alicia Valdés figurant dans la
bibliographie.
[2]
« Algo
similar a este fenómeno contemporáneo de la conga
santiaguera ocurrió en 1852 cuando vino a La Habana la
comparsa del Cocoyé con sus dos guías, las mulatas María de
la O Soguendo y María de la Luz, junto al enanito Manuel que
bailaba con el Anaquillé, muñeco de carnaval. ».
[4] Instrument au son de cloche fait à partir d’une jante de camion ou d’un tambour de frein (D. L.)
[5]
Didier Laurencin « La conga de Los Hoyos, une tradition
moderne ; Repenser les notions d’identité et de tradition à
partir d’une formation musicale et dansante de rue à Santiago de
Cuba ». Master 1 – Université Louis Lumière. Lyon 2006.
[6]
Chatelain, Daniel & Daniel Mirabeau : Chants de tumba francesa http://www.ritmacuba.com/Chants-de-tumba-francesa.html
(paru en nov. 2017).
[7]
« Se
cuenta que su amiga de la niñez Guillermina Aramburu tuvo un
buen matrimonio durante 20 años, al cabo de los cuales su
esposo la traicionó. Guillermina que escribía canciones
desde joven... le entregó a María Teresa su creación Veinte
Años, para que la cantara con la promesa de que nunca dijera
que había sido escrita por ella; esto provocó que la mayoría
de las personas desconocieran,
hasta hace muy poco, que la generalidad de los textos de las
canciones de María Teresa,
son de Guillermina ».
[8]
Ana Nuñez Machín La otra
María : o La niña de Artemisa : testimonio sobre María Josefa
Granados, precursora de la lucha por los derechos de la mujer
en Cuba. La
Habana : Editorial Arte y Literatura, [1975] &
[9]
style où le danzón
est chanté
[11] Aldo Rodriguez : Maria Luisa Anida, una vida a contramano. Testimonio. Letras
Cubanas. 1992.
[12] http://www.montunocubano.com/Tumbao/biographies/d'rivera,
paquito.htm
http://www.montunocubano.com/Tumbao/biogroupes/marquez,
hermanas.htm
https://www.ecured.cu/Tr%C3%ADo_Hermanas_M%C3%A1rquez_(agrupaci%C3%B3n_musical)
[13] Valdés. 2005 & https://www.ecured.cu/D%C3%BAo_Hermanas_Mart%C3%AD
[16]
Nous
reprenons l’orthographe proposée par Michel Faligand
(fondateur de la revue Percussions)
pour le français, conforme à la prononciation et permettant
de distinguer cet instruments des timbales classiques). cf
http://www.ritmacuba.com/instrumentsCuba.html
[17] « La primera directora de orquesta femenina de
que se tienen noticias se llamó Irene Laferté, quien tenía
un conocimiento profundo
de la percusión, y en especial, de los timbales.
Fundó su charanga en 1928 y varias integrantes de su
agrupación pasaron luego a la orquesta Edén Habanero,
dirigida por Mercedes Herrera y que tuvo como cantante a
Rosario Martínez. Doña Irene, a quien llamaban la
virtuosa del timbal, falleció en l970 después de una
fructífera vida dedicada a engrandecer nuestra música.»
[18]
Premières intégrantes : Suseta Ramos (contrebassiste),
Manuela Junco (contrebassiste), Olga Villazón (saxophoniste),
Ofelia Menéndez (saxophoniste), Emilia Marcos (saxophoniste),
Blanca A. Foyo (trompetiste), Nuvia Pérez (chanteuse), Maria
del Carmen Cabeza (chanteuse), Olga Galú (chanteuse). http://www.montunocubano.com/Tumbao/biogroupes/ensueno,
orquesta.htm
[19]
Valdés 2005. Article : http://www.montunocubano.com/Tumbao/biographies/mesquida,
mercy.htm
[28]
http://www.youtube.com/watch?v=i8AiOrXBccA
(vidéo Ritmacuba)
[31]
Valdés. 2005.
[34]
Site officiel : www.sextosentidomusic.com
[36]
http://suenacubano.com/news/8fbc006ea5fb11e3a27e3860774f33e8/yissy-garcia-el-jazz-es-mi-pasion/
Site officiel : http://yissygarcia.com
[38]
Ce phénomène semble avoir eu un peu d’antériorité au Brésil,
avec une distinction plus clairement établie dans
l’imaginaire collectif entre usage profane et religieux, en
l’occurrence pour les atabaques
consacrés du candomblé : en 1992 pour mon étude
des tambours et rythmes du candomblé, c’est une
tambourinaire femme vivant au terreiro
du Gantois qui m’a été présentée comme une des meilleures
spécialistes
de ces rythmes. Conformément à la prescription religieuse,
elle ne jouait pourtant jamais les instruments consacrés,
réservés aux hommes, au Brésil comme à Cuba.
[40]
« The sacred
music of Cuba: Bata drumming matanzas style », sans
mention d’éditeur, 1999.
[41]
Site www.melena.com
[42]
Site
yemayalabanda.free.fr